Entretien avec Charles Abelé, juin 2004
(extrait de la Lettre de la F.AAGE n°10)
— Pourquoi voyager avec l’Aïkido ?
— Le voyage fait ressortir la notion de But. Par exemple 
          l’objectif commun devient : - Aller au Tenchel (Alsace) - Aller au Guelb 
          (Mauritanie).
          Un sens “magique” se référant à l’enfance apparaît et de fait l’adulte 
          est face à une situation initiatique. En choisissant des lieux ou sites 
          anciens, emprunts de tradition, où le ciel et la terre ont un lien fort, 
          nous sommes amenés à développer notre outil de travail l’Aïkido dans 
          lequel l’énergie Terre-Ciel est déjà très présente. Dans la rencontre 
          avec ces lieux, chacun peut retrouver des émotions vécues par exemple 
          en passages de grades, liées à la notion d’initiation. En fin de compte, 
          ces voyages pourraient se faire n’importe où, à partir du moment où 
          nous prenons conscience d’être nous-même porteur du Tout.
— Et le Désert ?
— Il est un support magnifique pour la matérialisation 
          de nos références internes. L’espace interne prend de la matière, revient 
          à nous et nous touche. Dans cet espace matérialisé, il n’y a besoin 
          de presque rien, juste de l’essentiel. Sortir, mettre les pieds dans 
          la terre, dans sa terre. Mettre ses pieds dans les pas du Guide, quelqu’en 
          soit la pointure. Le Guide ne connaît pas forcément concrètement tous 
          les espaces, mais il les connaît intuitivement. Quitter ses repères 
          personnels, oublier le poids du cadeau à l’empereur : Don du renoncement 
          et perte du moi archaïque. Le Guide devient le véritable appui car il 
          n’en reste plus d’autre. Mais, s’il n’y a pas de pouvoir à prendre sur 
          les choses, que reste-t-il ? Pouvoir et jugement vont ensemble. L’Aïkido 
          est un art interne, il dépasse la notion de pouvoir.
          Dans le désert, notre guide mauritanien me permet de me libérer également 
          et d’être encore plus au service de l’essentiel. Le Guide est maître, 
          il assume et il guide.
          Dans tout voyage, la notion de première fois est importante et par la 
          suite il faut rechercher une autre “magie”.
— Des projets ?
— Il y aura d’autres voyages dans le désert qui donneront naissance à d’autres projets.
Abelé Shihan
          juin 2004
        


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